Lierre terrestre

À L’occasion de la fête de la plante 2019: À Montréal :

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La prunelle n’étant pas encore parmi nous à la date de la fête de la plante médicinale 2019, je vous propose d’entendre parler du lierre terrestre. 

Il s’agit d’une petite plante avec laquelle il serait facile de confondre la prunelle si elles avaient le même moment de floraison. 

Les deux sont petites, se camouflent dans les pelouses, les 2 sont médicinales et complémentaires dans leurs actions. Les deux sont naturalisées (ne sont pas indigènes à l’Amérique du Nord)

Les deux sont extrêmement sécuritaires à utiliser. 

Les deux sont dans la famille de la menthe, les Lamiacées, les deux ont donc une tige carrée, des feuilles opposées et des fleurs labiées. 

La prunelle a des feuilles lancéolées à peine dentées, le lierre des feuilles réniformes crénelées. 

démonstration feuilles lierre terrestre
Glechoma hederacea – photo par Annie Bazinet
Démonstration, feuilles et fleurs prunelle vues de haut.
Prunella vulgaris – photo par Annie Bazinet

Les fleurs de la prunelle se présentent en épi, le lierre terrestre, les fleurs sont à même la tige à l’aisselle des feuilles. 

 

floraison lierre terrestre
Lierre terrestre en fleur – Glechoma hederacea – photo par Annie Bazinet
floraison prunelle
Prunelle (de sous bois) en fleur – Prunella vulgaris, photo par Annie Bazinet

La prunelle ne sent rien du tout (non-aromatique), le lierre a une odeur fraîche lorsque coupé (aromatique), elle a d’ailleurs été utilisée en Grande Bretagne pour clarifier et aromatiser la bière. (22)

La plupart des Lamiacées sont considérées comme mellifères. Elles attirent et nourrissent les pollinisateurs. 

La monographie de la Prunelle de la Guilde des herboristes à laquelle j’ai participé, se retrouve dans le magazine Plantes Médicinales, tradition, science et santé 2019-01.

On y parle entre autre de ses grandes capacités anti-virales, la rendant utile pour les infections de type grippe et rhume, de sa grande utilité dans les problèmes de yang montant du foie (TCM), de sa grande teneur en acide rosmarinique ce qui la rend particulièrement intéressante pour les inflammations du foie, de l’ORL.

La Prunelle est aussi très sécuritaire pour les enfants, adultes et aînés.  C’est bel et bien une plante qui  soutient les processus naturels du corps. Fait amusant, elle fleurit en même temps que le sureau blanc/noir/canadien (Sambucus canadensis), un autre grand antiviral.

Vous pouvez encourager la Guilde dans sa mission de protection à l’accès de l’herboristerie en vous abonnant comme membre ou à la revue seulement. 

Le lierre terrestre – Glechoma hederacea

Anciennement Nepeta glechoma.

Le lierre terrestre quant à lui est aussi utilisé dans les inconforts de l’ORL, mais en particulier quand il y a excès de mucus.  On veut ralentir le flot de mucus avec lui.(19)

Il est donc très intéressant pour rhume, allergies saisonnières, sensibilité de l’ORL résultant en eau qui coule du nez, on pourrait également l’essayer lorsque les yeux coulent trop. Trop de mucus dans les poumons vont aussi bien y répondre. (19)

À l’inverse on l’évitera dans les situations de sécheresse de l’ORL et des poumons. On pourra l’essayer pour tout ce qui est bronchite, sinusite, otite, tout inconfort des muqueuse de l’ORL mais dans une condition très « juteuse », où il y a beaucoup de sécrétions. 

Sa légère amertume et ses huiles essentielles vont faciliter la digestion. On lui trouve aussi une certaine âcreté, il possède déjà là 3 saveurs médicinales 🙂

Elle est tout à fait comestible et bien savoureuse. 

Matthew Wood rapporte qu’elle serait intéressante à explorer dans les cas d’acouphène, cela revérifié par Henriette Kress (voir l’article de Christophe Bernard à la fin de l’article). (21)

Bartram la propose pour les intestins irritables avec l’aigremoine grâce à son astringence et ses huiles essentielles délicates. (20)

Propriétés: 

Amer ; stimulation de la fonction hépatique et biliaire très douce. Très utilisée en médecine chinoise pour l’aspect stimulant digestif.(19,20)

Antioxydant ; toutes les plantes le sont… mangez vos légumes bio.

Aromatique; va aider pour la digestion difficile, les gaz et ballonnements, spécifiquement recommandée quand on retrouve des aphtes ou des ulcères buccaux. (20, 21, 22)

Hépatoprotecteur (2); acide rosmarinique entre autre. 

Anti-inflammatoire (« by abrogating receptor activator of nuclear κ-B ligand (RANKL)-induced free cytosolic Ca2+ » vu dans référence 3) (et dans les références traditionnelles 7,17)

Antibiofilm (4) ; Des bactéries trouvées dans la « rhizosphère » du lierre terrestre vont permettre d’empêcher l’installation de microbes résistants et/ou commencer à déloger les infections incrustées.  Faire les extraits avec les racines? Aussi du au contenu en acide ursolique (26)

Chélatrice: Traditionnellement utilisée pour la chélation des métaux lourds, mais cela indique aussi, la capacité de la plante à les accumuler (5) dans la nature, préférer la culture biologique ou le sauvage de sols non contaminés. Elle était utilisée pour aider les peintre travaillant avec la peinture au plomb. Plusieurs rapports par des herboristes cliniciens tels que Matthew Wood, Kate Gilday et David Winston en ce sens. (20,21)

Antibactérienne , traditionnellement utilisée pour les infections de l’ORL et 8

Expectorant (19, 20,21)

Anti-Catarrhal (19,20,21)

Astringent (20,22), tonique des muqueuses respiratoires et digestives; indique la présence de tanins.

Anti-virale (a. rosmarinique, 20), fièvres et toux chroniques (22)

Diurétique ; les vieux écrits en parlent à plusieurs reprise, et si on se fie à la doctrine des signatures, la forme de la feuille nous indique une action sur le Rein 🙂 qui en médecine chinoise se transpose aussi vers les oreilles (Otites, acouphènes), la gestion de l’Eau dans le corps (Excès de mucus dans l’ORL ou les poumons), on pourrait d’ailleurs explorer les autres aspects de la santé régis par le Rein TCM, Matthew Wood rapporte aussi des expériences en ce sens. De plus, certaines études récentes montrent des pistes par rapport à la pertinence du lierre terrestre pour les pierres aux reins (Oxalate seul.) (25)

Comment l’utiliser: 

On utilise la plante entière, cueillie avec permission lors de la floraison (ou hors floraison au besoin). On peut même y garder des bouts de racine!

Option 1 : On peut la transformer en teinture, avec du 40% obtenu à la SAQ, faire une macération simple, filtrer et prendre entre 3 et 30 gouttes, commencer avec les petits dosages, spécialement chez les sujets petits ou sensibles. (21)

Option 2 : On peut la sécher avec soin sans la briser pour la préserver, mais son contenu aromatique aura tendance à s’évaporer assez rapidement. Pour une efficacité maximale, les plantes de 2 ans et moins c’est très bien.

  1 c à thé par tasse d’eau (1-2 grammes). Boire jusqu’à 4 tasses par jour en infection. 

Sécuritaire pour enfants, aînés, animaux, toujours commencer par les petits dosages, favoriser les glycérés pour ces sujets. 

Les références traditionnelles que j’ai parcouru ne mentionnent pas de problème avec les femmes enceintes et allaitantes sinon la mise en garde générique: pas d’études donc on ne sais pas.

Quelques constituants: 

Acide vanillique (6)

Acide Rosmarinique et analogues (7)

Autres composés phénoliques omniprésents, a. cafféique, lutéoline, apigénine, rutine, tanins (10,12,18, 20,24)

Sesquiterpènes lactones (9, 22)

Marrubine (Diterpène lactone)

Triterpènes (11) acide oléanolique et acide ursolique (13,26), saponines, résines

Lectines (Gleheda)  (14,15,16) 

Huiles essentielles(22) ; L-pinocamphone, L-menthone, L-pulegone, alpha et beta pinène. (20)

 

Autre article en Français d’intérêt: https://www.altheaprovence.com/blog/lierre-terrestre-glechoma-hederacea/

Références: 

1- A microorganisms’ journey between plant generations.  https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29695286

2 -Glechoma hederacea extracts attenuate cholestatic liver injury in a bile duct-ligated rat model. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28416441

3-  Glechoma hederacea Suppresses RANKL-mediated Osteoclastogenesis https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4293732/

4 – Anti-biofilm Properties of Bacterial Di-Rhamnolipids and Their Semi-Synthetic Amide Derivatives https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5727045/

5 – Copper and cadmium in bottom sediments dredged from Wyścigi Pond, Warsaw, Poland—contamination and bioaccumulation study https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4641152/

6- Vanillin formation from ferulic acid in Vanilla planifolia is catalysed by a single enzyme. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24941968

7- Anti-inflammatory activity of constituents from Glechoma hederacea var. longituba. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21530248

8 – Quantifying of bactericide properties of medicinal plants. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21502819

9 – New sesquiterpene lactones from Glechoma hederacea L. and their cytotoxic effects on human cancer cell lines. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21243589

10 – Glycosides from whole plants of Glechoma hederacea L. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18553179

11 – Isolation and identification of non-heteroside triterpenoids from Glechoma hederacea L. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/4792479

12 – Isolation and identification of flavonoids from Glechoma hederacea L.  https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/4792480

13 –  Inhibitory effects of ursolic and oleanolic acid on skin tumor promotion by 12-O-tetradecanoylphorbol-13-acetate. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/3802058

14 – Leaves of the Lamiaceae species Glechoma hederacea (ground ivy) contain a lectin that is structurally and evolutionary related to the legume lectins. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/12535343

15 – The Tn antigen-specific lectin from ground ivy is an insecticidal protein with an unusual physiology. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/12857814

16 – Carbohydrate specificity of an insecticidal lectin isolated from the leaves of Glechoma hederacea (ground ivy) towards mammalian glycoconjugates. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16156719 

17 – Glechoma hederacea inhibits inflammatory mediator release in IFN-gamma and LPS-stimulated mouse peritoneal macrophages. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16530364

18 –  Phytochemical attributes of four conventionally extracted medicinal plants and cytotoxic evaluation of their extracts on human laryngeal carcinoma (HEp2) cells. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24325458

19 – Les plantes du bien être – Les Remèdes de A à Z par Michel Pierre, p. 86 et 376. https://www.leslibraires.ca/livres/plantes-du-bien-etre-les-remedes-michel-pierre-9782812311727.html

20 – Materia Medica de Flora Medicina edition 2009. p301 à 304 https://www.floramedicina.com

21 – The Earthwise Herbal – A complete guide to old world medicinal plants, par Matthew Wood, p.280-283

22 – Encyclopédie des Plants Médicinales ed. 2007, par Andrew Chevalier, p.215

23- Liu, Jie & Li, Guo-Qiang & wu, Xia & Li, Yao-Lan & Wang, Guo-Cai. (2014). [Chemical constituents from Glechoma longituba]. Zhongguo Zhong yao za zhi = Zhongguo zhongyao zazhi = China journal of Chinese materia medica. 39. 695-8. 10.4268/cjcmm20140428. 

24 – Xie, Zhisheng & Liang, Zhikun & Xie, Chunyan & Zhao, Mingqian & Yu, Xiaoxue & Yang, Mei & Huang, Jieyun & Xu, Xinjun. (2014). Separation and Purification of Rosmarinic Acid and Rutin from Glechoma hederacea L. using High-Speed Counter-Current Chromatography. Separation Science and Technology. 49. 10.1080/01496395.2013.838968. 

25 – Liang, Qiang & Li, Xiaoran & Wangning, Wangning & Su, Yu & He, Shenbao & Cheng, Shuanglei & Lu, Jianzhong & Cao, Wenjuan & Yan, Yuke & Pei, Xiaxia & Qi, Jin & Guangli, xu & Yue, Zhongjin. (2016). An Explanation of the Underlying Mechanisms for the In Vitro and In Vivo Antiurolithic Activity of Glechoma longituba. Oxidative Medicine and Cellular Longevity. 2016. 1-11. 10.1155/2016/3134919.

26 – https://aem.asm.org/content/71/7/4022 –  consulté le 2 juillet 2019