Du chaga dans votre thé

Nouvelle mode ces temps-ci, ajoutez du chaga dans votre thé!

Le superaliment chaga a le vent dans les voiles pour le meilleur et pour le pire.

Est-ce pertinent?

Rapidement, la réponse est non.

Pour obtenir les propriété médicinales du chaga, on doit le bouillir (oui vous avez bien lu). Au moins 15 minutes. Les extractions dans l’alcool sont également pertinentes, les molécules médicinales du chaga sont soluble dans l’eau et l’alcool donc un extrait alcoolisé à 40% est efficace.

Mais saupoudrer du chaga dans notre thé, pour une infusion de quelques minutes avec une chaleur de 95° et diminuant est un gaspillage de votre argent et du champignon. (voir le pire)

Les gens qui vous en propose profitent donc de l’engouement pour le chaga et de votre manque de connaissance à son sujet, peut être ne pensent-ils pas à mal, mais un humain informé en vaut deux!

Le meilleur, 

Parce que le chaga est effectivement un champignon médicinal formidable. Il est un habitant boréal tout comme nous, il répond donc au critère philosophique de l’herboristerie de se soigner avec ce qui pousse dans notre environnement immédiat.

Il est extrêmement antioxydant. Vraiment très puissant, on le dit même antitumoral à cause de cela. On parle ici par contre d’un usage quotidien pouvant aller jusqu’à un an pour obtenir l’effet escompté. Cela est du en partie à l’acide bétulique qui lui vient des bouleaux sur lequel il pousse.

Son goût est assez plaisant, c’est boisé et « torréfié » et on goûte également l’arbre hôte : le bouleau, si ce n’est pas sur un bouleau, ce n’est pas un chaga.

Je le trouve d’ailleurs délicieux en espresso avec du lait de coco et de l’hydrolat de cannelle.

Il est intéressant en combinaison avec un traitement pour les états inflammatoires, à savoir d’autres plantes et une modification de la diète. (Je sais, plusieurs en sont malheureux, mais c’est incontournable. D’ailleurs, je peux vous assurer que vivre sans douleur en vaut amplement la peine.) Voir ce site d’une docteur québécoise.

 

Pour un extrait de chaga de qualité, vous pouvez acheter :

-de la poudre/sciure : vous faire des espresso avec. Dans une cafetière italienne par exemple. La chaleur et la pression permettent d’atteindre la température requise pour que les molécules passent dans l’eau. On peut réinfuser le même chaga plus d’une fois. (2-3 max dans mon expérience, vraiment moins goûteux) (on peut aussi mijoter)

-en blocs; à l’ancienne, on fait mijoter notre bloc jusqu’à ce que l’eau soit brune. On peut réutiliser les blocs jusqu’à ce qu’ils ne colorent pas assez l’eau.

-en extrait à l’eau chaude: Des gens gentils font tout le processus de mijotage pour vous et ensuite font déshydrater la soupe que cela a fait. Vous avez donc un bouillon instantané de chaga. (Quand vous achetez des capsules de champignons, vous devez vous assurer que c’est un extrait l’eau chaude pour une meilleure efficacité. vs de la poudre de champignon ou de mycelium)

-extraits alcoolisés.

Le pire:

À chaque fois qu’une plante/champignon médicinal/e est à la mode, comme la cueillette sauvage n’est pas vraiment réglementée,  on voit des opportunistes espérant faire de l’argent facile, piller les réserves naturelles de la plante.

On parle de méthode de cueillette détruisant la plante et ou son habitat. Rendant son exploitation non durable, et cela sans parler des erreurs d’identification. (On ne vous vend même pas la bonne plante/champignon.)

On voit des gens qui font du marketing à tort et à travers dans le but de vendre.

On voit aussi de gens qui l’utilisent à tort et à travers parce qu’ils ont vu que c’était merveilleux et magique et qu’ils allaient retrouver leur jeunesse, tuer les cancers de la planète et avoir une libido béton. Ok j’exagère un peu (mais juste un peu).

Note de modération:

J’ai discuté avec Judith qui travaille à la Mycoboutique à MTL, place cool s’il en est une. Elle m’a rassurée disant que, lorsque le chaga est récolté adéquatement (si ça vous démange tant allez suivre un cours de cueillette avec eux) il n’y pas de danger pour sa survie en général. Le problème est en fait au niveau de nos forêts, leur manque de protection contre la surexploitation et le fait qu’il n’y a presque plus de forêts d’âge respectable pour soutenir les champignons en croissance. Donc c’est plus une question de quantité dû au manque de milieux propices que de capacité de régénération. Protégez vos milieux sauvages, il y a tant de richesse à en tirer!

AUTRES VICTIMES DE LEUR POPULARITÉ

On n’a qu’à penser à l’ail des bois, dont il y a toujours contrebande. L’ail des bois met 12 ans à atteindre la maturité. Les cueilleurs cupides vident littéralement les talles, mettant en danger l’espèce. Honte aux chefs qui en proposent sans poser de questions sur la provenance.aildesbois

Autrefois, la Chine payait qui lui apportait notre ginseng national, panax quinquefolius. Dans les vieux catalogues d’horticulture, on voyait même des publicités vantant la culture lucrative du ginseng. Tout ça pour dire que nos forêts se sont trouvées vidées de nos réserves de ginseng. panax_quinquefolius00

À noter que le ginseng ne pousse que dans les vieilles érablières. C’est là que le sol lui convient. En conséquence de nos techniques d’exploitations forestières et de l’étalement urbain, on ne trouve le ginseng canadien qu’à l’extrême sud du Québec. Il s’agit également d’une plante à croissance lente, minimum de 5 ans pour une petite racine et au taux de germination très faible. Lire : ne se reproduit pas facilement.

Pour rigoler; voici une photo de vieux catalogue, le propriétaire du catalogue est le Mohawk Seed Saver Silverbear Macomber:

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Quoi faire avec ces trésors:

si vous en trouvez, protégez les. Plantez en chez vous quand c’est possible.

À essayer sans retenue:

Le Chaga Chai de Essentiellement Sol, une préparation au Chaga faite selon les règles et améliorée en y ajoutant de superbes épices.

Aussi à Val David, le Baril Roulant offrait il y a quelques années un vrai thé de chassa bien mijoté ou en espresso 🙂

Vous connaissez un endroit où l’on sert le chaga selon les règles? Dites le moi!

 

Lectures sur le Chaga

Chaga: King of the Medicinal Mushroom par David Wolfe

David Wolfe est très connu sur le web américain et il est un peu intense. Il y a des infos bien dans ce livre, et une bonne quantité d’hyperboles. Intéressant, mais peut être pas le livre idéal pour l’amateur qui aura du mal à démêler ce qui est utile de ce qui ne l’est pas.

Medicinal Mushrooms An exploration of tradition, healing and culture, par Christopher Hobbs.

Excellente référence, mais on y parle de plus que le Chaga bien entendu.

The Fungal Pharmacy par Robert Rogers

Un autre livre d’herboristerie appliquée, très indiqué.