Manger du bonheur.

Écrit pour le journal de la Guilde des Herboristes de l’automne 2016

Expression à la mode et indémodable du monde de la santé alternative: Que ton aliment soit ta médecine, et ta médecine ton aliment.

Je crois que tous les thérapeutes et nutritionnistes du monde le disent. Nous aimons bien le rappeler à tout le monde. Alors j’ai risqué la redondance et je vous l’ai écrit.

Je suis plus que convaincue, tout comme la plupart d’entre vous,  que l’alimentation joue un rôle immense dans la santé, que ce soit la nôtre, ou celle de la planète.

Vous saviez sans doute que nous abritons également des milliards de forme de vie dans et sur notre petit corps. Que ces formes de vie porte le nom charmant de « Microbiote ».

Vous savez sans doute que le microbiote est d’une importance capitale pour le système immunitaire et pour une digestion optimale, garantissant une assimilation presque parfaite de vos aliments.

Et vous savez aussi sans aucun doute que notre alimentation, médication et hygiène de vie joue un rôle direct sur la santé de ce microbiote, si important.

Vous savez que les antibiotiques ont un effet catastrophique sur le microbiote et ne sont qu’à utiliser dans les cas extrêmes d’infection bactérienne confirmée par test en laboratoire.

Vous savez aussi que vous devriez consommer des probiotiques après une prise d’antibiotiques ou quand vous trouvez que votre système immunitaire est un peu à plat.

Et s’il y avait plus aux probiotiques que les gélules et le yogourt Activia (marque déposée)?

Combien d’entre vous appelez votre intestin (« your guts » en anglais) votre deuxième cerveau?Vous avez très certainement réalisé que quand votre petit bedon est barbouillé votre humeur l’est aussi?

Sujet chaud dernièrement dans le milieu de la santé alternative, la relation entre l’intestin et le cerveau, comment ils s’influencent l’un et l’autre et ce d’une façon assez directe. Comment le microbiote, stimule non seulement l’immunité mais fournissent aussi les neurones qui tapissent le dit intestin en neurotransmetteurs dignes de notre plus grosse glande: le cerveau.

De plus en plus récemment, les recherches et les tendances dans les milieux naturels lient le mal-être mental à la santé du microbiote.

Ils font des tests sur des souris oui, mais aussi sur les gens. Transplanter des bactéries de souris mince sur une souris obèse, la souris obèse perd du poids. Transplanter des bactéries de personne non-autiste à une personne autiste, on voit un changement du comportement. Ils sont en train de tester quelques personnes atteintes de maladies mentales pour chercher des tendances dans la composition de leur microbiote ou l’état de leur intestin. D’ailleurs certains troubles mentaux, sont dus à des intolérances alimentaires non contrôlées, on voit une amélioration quand ils sont retirés.

Ils ont même transplanté des cacas. Oui, des selles de personne « saine » dans une personne malade (avec un certain traitement j’imagine). Et le transplanté voyait une grande amélioration à son état. Merci donateur de caca sain!

Suite à ça, quelle est la différence de microbiote entre une personne déprimée et une qui ne l’est pas? Sa flore intestinale ne lui souffle pas le bonheur à l’oreille.

Inutile de se supplémenter en sérotonine (ou de contrôler sa ré-absorption) ou en GABA quand notre petit monde intérieur vous en fournit gratuitement en échange de l’endroit merveilleux qu’est votre intestin mignon.

Inutile même de se supplémenter en probiotiques si notre alimentation en compte quotidiennement. (sauf exception)

Mais quelles sont ces sources de probiotiques alimentaires?? Laissons de côté les laitages fermentés, je ne peux vraiment pas encaisser la vie des pauvres vaches à qui nous volons le lait. Parlons légumes, parlons choucroute (non pasteurisée), parlons salsa fermentée, parlons kimchi !! (oh oui!)

Mais qu’est ce qu’un aliment fermenté? C’est un aliment prédigéré par une ou des bactéries (ou levure). Ces bactéries vous veulent du bien. Elles adorent le loft douillet qu’est votre intestin, elles veulent le chouchouter et lui dire des mots d’amour ; sous forme de neurotransmetteurs de la bonne humeur. Pas mal mieux qu’une rage de sucre de candidose non?

Anciennement, la seule façon de conserver les légumes pour l’hiver était de les préserver sous forme de fermentations. Les marinades modernes sont remplies de sucre et de vinaigre blanc. (Le plus inintéressant des vinaigres, il ne devrait servir qu’à nettoyer le plancher vraiment, il est distillé, ce qui veut dire qu’il est dénué de nutriments et ne contient que des acides.) Elles ne ressemblent pas du tout à ce qui était consommé comme lacto-fermentations. (Lacto à cause des bactéries lactiques, ne contiennent pas de lait.) Elles sont même dommageables pour le microbiote.

Installation idéale pour les fermentations maison.
Installation idéale pour les fermentations maison.

Quand on fabrique une lacto-fermentation, on crée un nid de bactéries (idéalement) bénéfiques à notre intestin. Et comme il s’agissait de la seule source de légumes, ils en consommaient quotidiennement.  Source de vitamine C, minéraux et probiotiques. Tout ça sans gélules.

À noter; les fermentations à base de chou et de carotte n’ont pas besoin d’être inoculées avec des souches particulières. Ils ont déjà, à leur surface, la flore bactérienne utile, le tout ajouté à votre flore cutanée et les épices que nous y ajoutons.

Le miso compte parmi les fermentations utiles à consommer sur une base quotidienne. Il a y toute une littérature sur le miso seul!

Ces bactéries vivent réellement en symbiose avec le corps, certaines vont contribuer à garder les muqueuses saines(i.e.Lactobacillus plantarum). Elles vont protéger les villosités. Et cela en plus d’émettre les neurotransmetteurs mentionnés plus tôt.

Elles créent également une acidité particulière qui favorise leur propre croissance, lors d’une candidose, on observe un pH différent dans l’intestin, plus alcalin, diminuer le pH rend l’endroit moins accueillant pour les levures.

Ces bactéries sont également compétitives, elles veulent garder la place. Donc moins d’espace pour les pathogènes. (les moins fines). Leur source de nourriture préférée est:…les fibres alimentaires! Ou retrouve-t-on les fibres alimentaires? Dans les légumes (fermentés), céréales complètes et légumineuses (d’où les vents pour certaines personnes).

Point important pour les herboristes ; une flore saine va décomposer

certaines molécules complexes de plantes et seulement à ce moment sera libéré l’effet médicinal recherché. Cela renforce l’importance d’une flore intestinale en santé. Cela renforce l’effet de nos traitements.

Donc, la conclusion logique à tout cela, vous avez les « blues », vous vous sentez barbouillés? Prenez de la choucroute, prenez des cornichons fermentés, de la salsa fermentée, du délicieux kimchi! Sans régler tous vos problèmes, vous mettrez votre flore intestinale de votre côté, et cela à moindre coût (quand on fait ses propres fermentations) qu’avec des gélules. En plus, c’est bon au goût.

Notez bien que je considère les gélules ou les yogourts de probiotiques comme utiles en cas de pathologie particulière pour un temps, mais pourquoi ne pas entretenir votre flore de façon alimentaire? Tout le monde devrait essayer d’en faire au moins une fois.

Fait amusant, les probiotiques en gélule ont un effet positif sur la flore intestinale qu’ils soient vivants ou morts.

Saviez vous qu’en Corée, un repas composé de riz et de kimchi est considéré comme tout à fait acceptable? Qu’un repas sans kimchi est considéré comme laissant à désirer. Qu’il y a plus d’une cinquantaine de sortes de kimchis (on dit même jusqu’à 300) et que les coréens en ont fait un patrimoine culturel et une activité sociale?

Kimchi (à ma façon)

  • 1 Chou chinois (Napa)
  • 1 Oignon
  • 1 Radis blanc (Daikon)
  • 2-3 carottes
  • 1 bulbe d’ail
  • Gingembre (Moitié de la grandeur de la main si bio, toute la main si non bio)
  • Sauce de Poisson (1/4 tasse)
  • Pâte de cari Rouge (1 pot marque Thai kitchen)
  • sel de mer(2% du poids total des légumes)
  1. Peser les légumes
  2. Peser le sel
  3. Râper les légumes
  4. Réduire le gingembre et l’ail en purée
  5. Mélanger tous ingrédients ensemble.
  6. Pilonner le mélange dans des pots masson, il ne doit pas y avoir d’air dans le pot.
  7. Au besoin couvrir du jus
  8. Fermer le couvercle et désirez 1/4 de tour. Déposer dans un plat peu profond, ça va dégorger. Refermer le pot après 24h.
  9. Fermenter à vue 15 jours.
  10. Réfrigérer.

Délicieux dans un riz sauté, avec les déjeuners à la japonaise et juste tout seul.

 

 

 

Références:

 

Ressources:

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